L'école maternelle
J'ai été présenté à Mme Dasnabedian, la directrice, une dame dont je garde un souvenir extraordinaire. Chaque fois qu’un élève arrivait, elle le recevait avec sourire et bienveillance et elle s’en occupait pendant plusieurs jours pour l'apprivoiser. Mme Dasnabedian était calme et douce. Elle ne s’énervait jamais malgré les enfants qui se mettaient à pleurer ou faisaient des difficultés. Elle était l’antipode de son mari, le directeur du collège primaire. Un homme nerveux qui fumait cigarette sur cigarette dans son bureau et qui criait souvent. Il avait sûrement vécu un passé douloureux car il avait l'âge de ces orphelins rescapés du génocide.
L’école maternelle n'avait pas de classes séparées. La grande salle au-dessus de l'église était divisée par des rideaux en 4 ou 5 espaces. On m’avait placé dans une de ces classes improvisées où j'ai eu l'occasion d'apprendre assez vite car j'écoutais aussi ce qui se passait ailleurs. C'est sûrement pour cette raison que j'ai avancé très vite dans mes connaissances. Je me lance des fleurs, mais peut-être que je les ai méritées…