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Le Blog de Papino
1 juin 2008

La maison

Après quelques années, ma grand-mère a voulu changer de domicile et nous sommes descendus une centaine de mètres plus bas, dans la même rue, pour être plus proches des églises, notamment de l’Eglise des 40 martyrs (l’église grégorienne arménienne) et des écoles Haygazian, maternelle et primaire.

Nous avons déménagé dans une grande demeure patricienne à laquelle nous accédions par des escaliers qui donnaient sur deux portes. L’une était probablement destinée à recevoir les hommes d'affaires loin du regard des dames. L’autre, à droite, s'ouvrait sur un grand salon d’à peu près 12 mètres de long et 6 mètres de large avec un sol en marbre très spécial, d’une grande beauté. De chaque côté de ce salon, il y avait deux grandes chambres. Côté route, la première s’ouvrait sur un balcon métallique ciselé de style vénitien. On l’avait transformé en salle pour recevoir nos invités. Un grand tapis Téhéran ornait la pièce et sur le mur un tapis Beloutch sur lequel reposait un portrait de Nana Doudou. Je garde un souvenir inoubliable de son regard angélique. La seconde était la chambre de la sœur de ma mère. Archalouys, souvent penchée sur sa machine Singer, qui faisait de la haute couture pour la famille et quelques amis.

Deux autres grandes chambres se trouvaient de l’autre côté du salon. Ma grand-mère en avait transformé une en cabinet de gynécologie. Elle y recevait des patientes qui défilaient toute la matinée. Ces dames venaient de Bab el Nasser, au nord de la ville, et des quartiers environnants. Souvent celles qui avaient les moyens de venir se faire soigner chez la sage-femme étaient les épouses des grands magistrats, avocats, propriétaires terriens, ingénieurs et autres membres de la bourgeoisie musulmane de la ville d'Alep.

Mes souvenirs réels, donc vécus, commencent dans cette maison. Je n'ai pas fini la description des deux pièces restantes, parallèles au salon et donnant sur une cour intérieure ouverte où nous avions toujours quelques rosiers et des fleurs spécifiques d'Orient très parfumées. De la cour, on pouvait par un passage très large arriver à la cuisine. A droite de la cour intérieure, il y avait encore une grande pièce et la cuisine avait à peu près sans exagérer, une cinquantaine de mètres carrés. On y préparait à manger et surtout une fois par semaine, le samedi matin, une dame venait faire la lessive à la main dans de grands récipients. J’allais parfois la regarder, admirant sa capacité et sa rapidité - vu son âge – à nettoyer nos chemises sales. De la cuisine, il y avait un escalier en bois qui montait vers deux pièces et une autre cour semi-couverte. On ne se servait pas de cette partie de la maison.

Je devais avoir 4 ou 5 ans lorsqu'on a déménagé, donc vers 1934, dans cette maison de la rue Khandek où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 20 ans, date de mon départ pour Beyrouth où je suis allée faire mes études à la Faculté française de médecine.

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